(Extraits d’une publication de FARGES F.* , PATEL. P.**, « Les communautés thérapeutique pour toxicomanes » – Pour fins de formation)

Maxwell Jones a été, dans l’Angleterre des années 40 et 50, à l’origine de communautés thérapeutiques organisées à l’intérieur des institutions psychiatriques comme solutions alternatives à l’hospitalisation pour les malades mentaux. Ces communautés permettaient de mettre en place des procédures de décisions participatives, des thérapies de groupe, ouvraient l’institution à des catégories nouvelles de personnel (thérapeutes sociaux qui se formèrent sur le tas) et tentaient de réduire le pouvoir des médecins (pas de hiérarchie dominée par les médecins, tout le monde s’appelait par son prénom). Il s’agissait d’ouvrir des espaces démocratiques dans le milieu fermé et hiérarchisé de l’hôpital psychiatrique. Jones part de l’hypothèse que le patient possède un potentiel thérapeutique aussi bien pour lui-même que pour les autres malades. Bien qu’il demeure « objet de soin » la communauté thérapeutique le transforme en « sujet soignant ». Les patients décident avec le staff (des soignants) de l’application du projet thérapeutique et des règles de fonctionnement de l’institution.
Les deux modèles, européens et américains, malgré leurs points communs essentiels, l’apprentissage de l’autonomie par le self help et la vie de groupe, ont des caractéristiques qui différent :

  • La culture européenne et des patients des hôpitaux psychiatriques des années 50 ont fait naître la communauté thérapeutique démocratique où l’encadrement (staff) est uniquement professionnel mais qui laisse les patients être les protagonistes de l’organisation de la vie institutionnelle et quotidienne.
  • La culture américaine et la population de toxicomanes ont forgé le modèle de la communauté thérapeutique hiérarchique de Synanon (Californie, 1958) et Daytop (New York, 1962), dont le concept repose, en plus du self help, sur l’encadrement par d’anciens toxicomanes, des groupes d’expressions émotionnelles, des aspects de discipline quasi pénitentiaire (port de la salopette pour tous, cheveux rasés, systèmes de punitions et privilèges).
    Les européens (…) apprirent à utiliser les résidents en fin de programme comme modèle pour les autres. Le personnel encadrant devint semi-professionnalisé, un ancien toxicomane pouvant devenir membre du staff.

Les origines de Vilavi

Années 70 / Les débuts

Après trente années d’une expansion sans précédent, le moteur du progrès économique connaît ses premiers ratés, tandis que le décalage se creuse entre progrès et évolution socioculturelle. Dans de nombreux pays, les jeunes se rebellent contre l’ordre établi: mouvements contre la guerre du Vietnam, pour les droits civiques, pour les droits de la femme et la libération des mœurs. Les drogues deviennent les symboles de la contestation, de la liberté et leur consommation connaît une explosion mondiale.

  • 1974, ouverture de « La Boère », en France, une communauté alternative, ouverte à tous, inspirée du modèle pédagogique et des pratiques de gestion égalitaires de l’école de Summerhill .
  • Naissance d’une « méthode » sans médicament ni substitut, apprentissage du lien social, accompagnement du nouvel arrivé par « ceux qui ont connu le même problème » – ses pairs.
    Un slogan: « Aider pour être aidé ».
  • Succès immédiat: une réponse efficace et concrète là où les pouvoirs publics n’opposent encore que la répression et une approche strictement psychiatrique et individuelle des soins.

Années 80 / Une expansion sans précédent en Europe et en Amérique

La toxicomanie devient problème de santé publique. La réponse sanitaire s’organise dans la plupart des pays. À partir de 1985, les enjeux liés à l’épidémie du sida et des hépatites bouleversent les politiques de soins et les mentalités.

  • Ouverture de multiples centres en Europe puis en Amérique.
  • En 1985 débute la déferlante du sida. En 1989, 50% des nouveaux entrants sont séropositifs.

Les années 90 / Limite du modèle de CT traditionnelle

Les substances disponibles et les modèles de consommation se diversifient, les besoins changent. Les réponses sanitaires et sociales s’adaptent: programmes de réduction des méfaits, communautés thérapeutiques spécialisées, professionnalisation des ressources.

  • Les communautés thérapeutiques s’adaptent mal aux nouveaux enjeux de la prise en charge des personnes toxicomanes.
  • Les critiques se généralisent, ciblant notamment l’absence de professionnels imposée comme une norme.
  • L’organisation engage un processus de restructuration: redimensionnement des infrastructures, définition d’un programme thérapeutique, professionnalisation des services et des équipes, normalisation et transparence des pratiques de gestion.

Les années 2000 / Un projet d’avenir partagé par tous, premiers pas du réseau Dianova

D’abord circonscrite à quelques pays, la cocaïne connaît une forte diffusion dans la plupart des pays occidentaux, parallèlement, la consommation d’ecstasy s’amplifie dans le milieu « techno rave » festif venu des États-Unis et de l’Angleterre, auprès d’une clientèle plus aisée, souvent professionnalisée.

  • Par un travail de consultation élargie et de réflexion commune, les textes fondamentaux de Dianova sont élaborés. Les organisations membres sont désormais unies par un nom, par une mission, par des valeurs, par des politiques et par des principes communs – reconnus et partagés par tous. C’est la naissance du réseau Dianova.
  • Le projet devra se développer selon quatre axes principaux: la transparence, la qualité des services, la professionnalisation et le développement des relations avec les réseaux, aux plans local, national et international.
  • En 2007, Dianova International se voit accorder le statut consultatif spécial auprès du Conseil Économique et Social des Nations Unies, ce qui ouvre de nouvelles opportunités de coopération avec d’autres ONG au plan international.

2020 : Vilavi se donne un nouveau souffle

  • Après une collaboration active de 20 années au réseau Dianova, l’organisme estime que le bénéfice de son engagement international est insuffisant au vu des efforts déployés. Après une ultime tentative de consensus en 2018 la décision est prise de concentrer les ressources sur le renforcement du soutien aux personnes vulnérables du Québec en offrant des programmes dont l’impact s’est élargi au fil des ans : traitement des dépendances, logement social, hébergement spécialisé TSA.
  • Au printemps 2019, l’organisme décide de déployer ses projets sous une bannière qui évoque ses valeurs de bienveillance, de dynamisme et de résolution afin de mieux refléter l’impact de ses programmes sur les personnes vulnérables et de contribuer au développement social avec un modernisme renouvelé.
  • Pour ce faire, un processus créatif est mené en collaboration avec la société Synesia, spécialisée en création de marque, afin d’identifier la personnalité et les valeurs profondes qui sont à l’origine de la mission sociale et des activités déployées par l’organisme depuis 30 ans.
  • Le nom VILAVI est adopté le 1er janvier 2020 pour exprimer sa vocation: prendre parti pour les personnes vulnérables et offrir des perspectives qui reposent sur leurs compétences et leur autonomie.
  • Le nom choisi est un néologisme et dérive de l’altération française « vie vivante ». Il exprime la légèreté, la vitalité et l’enthousiasme, mais aussi l’engagement et la protection. Les 3 syllabes dont la prononciation est facile dans la majeure partie des langues occidentales offre des sons doux, réguliers, fluides et légers.

« Vilavi exprime avant tout la valeur de bienveillance,
c’est un nom doux et accueillant »