Les services de Vilavi sont confirmés comme services essentiels mais la pression augmente sur les équipes d’intervention.

Comme plus de quatre-vingt centres de traitement des dépendances au Québec*, le centre de Vilavi, situé dans la région de Terrebonne, doit faire face à des questions complexes face à la pandémie de la Covid-19 : les services doivent-ils être maintenus? Si oui dans quelles conditions? Avons-nous les moyens d’offrir un traitement de qualité tout en garantissant la sécurité des équipes et des usagers? Quelle est la brèche la plus critique, les employés qui circulent entre le centre d’hébergement et leurs foyers ou bien les nouveaux résidents qui sont admis?

Ces questions sont posées dans chaque centre du Québec avec des réponses variables en fonction des conditions d’un organisme à l’autre : réalité économique, soutien effectif du réseau public, nombre de lits, durée du traitement, conditions contractuelles, capacités physiques des bâtiments, intégration technologique etc… Toutes ces considérations aboutissent à une décision qui n’est valable que le temps de voir apparaitre de nouvelles contraintes.

L’équipe de Vilavi s’est efforcée de concevoir un « kit décisionnel » dynamique qui vise à répondre aux enjeux existants en se basant sur les informations rendues accessibles par ses différents réseaux : dépendances et santé mentale, itinérance, logement social et déficience intellectuelle.

Pour le centre de traitement, la décision a été de maintenir les services et les admissions car les personnes qui font appel à nous ne peuvent accéder à des solutions de remplacement et risque donc d’apparaitre rapidement dans le réseau hospitalier. Il faut noter que le CISSS de Lanaudière (CISSS-L) avait lui-même décidé le 16 mars de la suspension des admissions dans les Unités de Lits Multifonctionnels (ULM) opérée en collaboration avec Vilavi et le Pavillon du Nouveau Point de vue, avant de revenir le jour même sur cette directive. Le lendemain on nous confirmait l’intention du CISSS-L de « maintenir notre partenariat et notre collaboration pour la référence, le placement et l’admission de la clientèle en ULM au Nord et au Sud de Lanaudière ».

Quelles sont les implications du maintien des services?

Les retombées sont avant tout humaines, car la pandémie génère un grand nombre de craintes chez les employés et les usagers. Des mesures ont donc été mises en œuvre pour prévenir l’exposition au virus (lot de mesures définies par le Ministère de la Santé) et le tout a été largement communiqué aux employés et usagers pour obtenir leur adhésion et leur engagement dans la mise en place de ces mesures. Toutefois les demandes répétées pour obtenir des équipements de protection et des produits de désinfection ne sont toujours pas répondues par le gouvernement.

Les personnes non desservies peuvent-elles suspendre leur besoin de traitement ou bien vont elles apparaître dans un réseau de santé déjà saturé par la gestion de la crise?

Les effets sont aussi économiques: l’inquiétude a entrainé l’abandon du traitement par plusieurs résidents, le train de mesures de contrôle pré-admissions ralentie le flux d’entrées au centre et le résultat est une baisse nette de l’occupation, passant en 2 semaines de 34 à 26, puis 23 personnes le 23 mars. Une baisse de plus de 30% qui se répercute instantanément sur les revenus alors même que de nouvelles dépenses doivent être supportées par l’organisme, notamment l’achat d’équipements de protection et de produits d’hygiène, les coûts de concertation et le remplacement des employés en isolement.

La crise met en évidence la fragilité du modèle de financement

Pourtant cette baisse de 30% des revenus ne peut être accompagnée de la mise à pied de 30% des employés car l’inquiétude et la pression en temps de crise doit être compensée au contraire par l’expression de notre reconnaissance et de notre admiration pour l’engagement dont font preuve nos intervenants. De plus l’implantation des mesures de prévention et l’anxiété vécue par les usagers et leur entourage augmentent la charge de travail qui doit être assurée par des équipes qualifiées et aguerries aux contraintes de nos milieux de travail.

En réalité le modèle actuel repose essentiellement sur l’engagement social de tous les organismes en dépendances et de leurs employés, ce qui ne fait aucun sens du point de vue de la santé publique. Si nos organismes offrent des services essentiels en temps de crise, le modèle de financement ne peut reposer sur la fragile capacité de chaque centre à les maintenir!

Un cycle de téléréunions de concertation proposé par le regroupement national des centres de traitement en dépendances (l’AQCID) a permis de mettre en évidence la disparité des décisions. Plus de la moitié des centres ont suspendu leurs admissions, quelques centres ont fermé temporairement ou définitivement leurs portes et les mesures de distanciation entraîne à tout le moins une diminution de la capacité d’accueil. De plus, des centres publics auraient aussi fermé leurs services d’hébergement et réduit leurs services externes. Mais les personnes non desservies peuvent-elles suspendre leur besoin de traitement ou bien vont elles apparaître dans un réseau de santé déjà saturé par la gestion de la crise? À cette question l’AQCID apporte le point de vue suivant : « le contexte de pandémie exacerbe les besoins des personnes faisant l’usage de drogues. Le stress et l’anxiété, la précarité financière, l’accès plus difficile aux services sont autant de facteurs de risque justifiant la disponibilité et le bon fonctionnement des organismes communautaires ».

*On compte 85 centres et 2600 places de traitement avec hébergement au Québec.

Information : Bruno Ferrari, directeur général | info@vilavi.ca | 514-875-7013

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Vilavi’s services are set as essential services but the pressure is increasing on the intervention teams.

Like a over eighty addiction treatment centers in Quebec *, the Vilavi center, located in the Terrebonne area, must face complex questions regarding the Covid-19 pandemic: should services be maintained? If so, under what conditions? Is it possible to offer quality treatment while ensuring the safety of teams and users? What is the most critical breach, the employees who drive everyday between the shelter and their homes or the new residents who are admitted?

These questions are asked in each center of Quebec with variable answers depending on the conditions from one organization to another: financial reality, effective support of the public network, number of beds, duration of treatment, contractual conditions, physical capacities of buildings , technological integration etc… All these considerations lead to a decision which is valid only the time to see appearing new restrictions.

The Vilavi team tried to design a dynamic « decision kit » which aims to respond to existing challenges based on information made available by its various networks: addictions and mental health, homelessness, social housing and intellectual disability.

For the treatment center, the decision was to maintain its services and admissions because the people who call on us cannot access alternative solutions and therefore risk appearing quickly in the hospital network. The CISSS de Lanaudière (CISSS-L) had itself decided on March 16 to suspend admissions to Multifunctional Bed Units (ULM) operated in collaboration with Vilavi and the Pavilion du Nouveau Point de vue, before to revert the same day to this directive. The following day we were confirmed with its intention to « maintain our partnership and collaboration for the referral, placement and admission of ULM customers north and south of Lanaudière ».

What are the implications of maintaining services?

The fallout is above all human, because the pandemic generates a large number of fears among employees and beneficiaries. Measures have therefore been implemented to prevent exposure to the virus (set of measures defined by the Ministry of Health) and everything has been widely communicated to employees and residents to obtain their buy-in and commitment to the implementation of these measures. However, repeated requests for protective equipment and disinfection products have still not been answered by the government.

The effects are also economic: the concern led to the discontinuation of treatment by several residents, the pre-admission control measures slowed down the flow of admissions to the center and the result was a net drop in occupancy, passing in 2 weeks from 34 to 26, then 23 people on March 23. A drop of over 30% which has an instantaneous effect on revenues when the organization has to support new expenses, in particular the purchase of protective equipment and hygiene products, consultation costs and the replacement of employees in segregation.

The crisis highlights the fragility of the funding model

However, this 30% drop in income cannot result on the layoff of 30% of employees, because anxiety and pressure in times of crisis must be offset, on the contrary, by expressing our recognition and admiration for the commitment shown by our stakeholders. In addition, the implementation of preventive measures and the anxiety experienced by beneficiaries and their entourage increase the workload which must be ensured by qualified and teams aware of the constraints of our workplaces.

The truth is, the current model is essentially based on the social commitment of all addiction treatment centers and their employees, which makes no sense from a public health point of view. If our organizations provide essential services in times of crisis, the funding model shouldn’t be based on the fragile capacity of each center to maintain itself!

A cycle of consultation meetings proposed by the national addiction treatment centers association (AQCID) has highlighted the disparity in decisions. More than half of the centers have suspended admissions, a few centers have temporarily or permanently closed, and distancing measures at the very least have resulted in a reduction in intake capacity. In addition, public centers have also reportedly closed their accommodation services and reduced their outpatient services. But can unserved people suspend their need for treatment or will they appear in a health network already saturated with crisis management? To this question, AQCID brings the following point of view: « The pandemic context exacerbates the needs of people who use drugs. Stress and anxiety, financial insecurity, more difficult access to services are all risk factors that justify the availability and proper functioning of community treatment centers. »


* There are 85 centers and 2,600 treatment places with accommodation in Quebec.

Information: Bruno Ferrari, Managing Director | info@vilavi.ca | 514-875-7013

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